Traitements du Cancer du Rein

Les différents facteurs de la prise en charge

Le traitement d’un cancer est de plus en plus personnalisé et le cas de chaque patient sera discuté au cours d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire ou RCP. Cette réunion réunit au minimum un oncologue, un radiothérapeute et un chirurgien urologue. Un médecin anatomopathologiste ou un biologiste peut aussi être présent pour donner leur opinion sur des cas particuliers.

Lorsqu’un traitement aura été choisi en RCP, le médecin qui prendra initialement en charge la maladie, le plus souvent un oncologue ou un chirurgien urologue expliquera en détail le traitement ou plus exactement le parcours thérapeutique envisagé lors d’une consultation particulière dénommée consultation d’annonce.

Le parcours thérapeutique est effectivement un terme approprié car il va être proposé au patient un chemin parfois long et jalonné de plusieurs étapes. Au cours de ces étapes, il sera utilisé un ou plusieurs des cinq traitements disponibles contre les cancers : deux de ces traitements sont locorégionaux (relatif à une zone du corps), chirurgie ou radiothérapie. Trois autres traitements sont généraux (traitements dits systémiques), chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie.

Les différents traitements du cancer du rein

La chirurgie

La chirurgie des cancers du rein a pour objectif global de retirer la tumeur primitive et les ganglions lymphatiques qui sont à proximité. Cette chirurgie peut être plus ou moins large allant de la résection d’une petite partie du rein malade (tumorectomie ou néphrectomie partielle) à la résection du rein (néphrectomie complète). Aujourd’hui, la technique la plus utilisée est la néphrectomie partielle, en particulier pour les tumeurs de moins de 5 cm. Cette technique permet de préserver au mieux la fonction rénale.

Les interventions chirurgicales se font soit de façon traditionnelle avec une incision sous les côtes ou en bas du dos (région lombaire) soit par coelioscopie.

Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur la coelioscopie

Cette technique ne nécessite que de petites incisions. Celles-ci permettent d’introduire dans l’abdomen une petite caméra pour visualiser la région à opérer et de petits instruments pour retirer les zones tumorales. Cette coelioscopie peut aussi être réalisée par un robot. Celui-ci commande quatre bras opérateurs placés au-dessus du patient. Le chirurgien urologue visualise les organes en haute définition et en trois dimensions et manipule les bras opérateurs avec une grande précision pour retirer les organes ciblés.

Quelle que soit la technique utilisée, l’intervention chirurgicale se fait sous anesthésie générale ou péridurale. La coelioscopie a tendance à se généraliser car son efficacité est la même que les techniques traditionnelles mais elle a l’avantage de diminuer la taille de la cicatrice, les suites opératoires et la durée d’hospitalisation.

Après une prostatectomie totale, il est conseillé d’éviter tout effort ou déplacement important dans le premier mois suivant l’intervention. Les effets indésirables liés à la prostatectomie totale ont diminués avec l’évolution des techniques chirurgicales (référence AFU). Les plus fréquents sont une incontinence urinaire à l’effort, souvent temporaire, et des troubles de l’érection après l’intervention. Un délai de plusieurs mois peut être nécessaire avant le retour à la fonction sexuelle présente avant l’opération. Cette intervention chirurgicale entraîne une impossibilité définitive d’éjaculer, ce qui n’est pas lié à la sensation de plaisir qui reste intacte.

La radiologie interventionnelle

Depuis les années 2000, une autre forme de traitement est la radiologie interventionnelle. C’est une approche à travers la peau (percutanée), mini invasive qui se fait sans anesthésie générale avec une hospitalisation de 24 à 48 heures. Sous guidage par échographie ou par scanner, un radiologue interventionnel va positionner des électrodes et chauffer la tumeur à plus de 55° (radiofréquence) ou la congeler à -120° (cryothérapie) pour la détruire. Les taux de succès de ce type d’intervention (pas de tumeur résiduelle à 5 ans) dépasse 90% sans radiothérapie et sans chimiothérapie.

Source Pr Jean-Michel Correas, Hôpital Necker, Paris.

La chimiothérapie

La chimiothérapie a pour objectif de tuer les cellules à renouvellement rapide comme le sont les cellules cancéreuses. Cependant, les cancers du rein sont peu sensibles aux médicaments utilisés en chimiothérapie. Ceux-ci sont donc rarement utilisés en dehors des rares cas de carcinome de Bellini.

Contrairement aux chimiothérapies, les cancers du rein sont sensibles aux thérapies dites « ciblées ».

En savoir plus sur les thérapies ciblées

Comme l’indique leur nom, les thérapies ciblées sont dirigées contre des cibles qui sont directement impliquées dans la transformation des cellules normales en cellules cancéreuses ou dans le développement des tumeurs malignes.

Ces cibles peuvent être situées à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. A la surface, ce peuvent être des récepteurs particuliers comme le Récepteur pour le Facteur de Croissance de l’Épiderme (EGFR). En interne, ce peuvent être des molécules comme RAS ou mTOR qui sont situés sur des voies intra-cellulaires importantes pour la multiplication des cellules cancéreuses. En bloquant ces cibles avec une thérapie ciblée, on bloque directement la croissance tumorale.

Ces cibles peuvent aussi être localisées à l’extérieur des cellules cancéreuses. C’est le cas du Facteur de Croissance Vasculaire (VEGF). Le VEGF se fixe sur un récepteur, le VEGF-R, situé sur les vaisseaux sanguins. Ce facteur de croissance et son récepteur favorisent le développement de nouveaux vaisseaux sanguins autour de la tumeur à partir de vaisseaux existants (néo-angiogenèse). Ces nouveaux vaisseaux vont faciliter le développement tumoral en nourrissant les cellules cancéreuses et en assurant leur multiplication. En bloquant le VEGF ou le VEGF-R, on arrête indirectement le développement tumoral.

Plusieurs thérapies ciblées anti-VEGF ou anti-VEGFR sont utilisées pour le traitement de cancers du rein avancés et/ou métastatiques avant (traitement néoadjuvant) ou après (traitement adjuvant) une intervention chirurgicale. D’autres thérapies ciblées dirigées elles contre mTOR sont également utilisées, en particulier chez des patients avec un cancer du rein avancé ayant progressé sous ou après une thérapie ciblée anti-VEGF ou anti VEGF-R.

La radiothérapie

Les ganglions lymphatiques du bassin peuvent aussi être traités par radiothérapie externe.

Les effets secondaires de la radiothérapie externe sont très variables d’un patient à l’autre. Ils sont dus à l’irradiation des tissus normaux qui entourent la prostate même si le traitement est le plus ciblé possible pour toucher le minimum de tissu normal. Ils peuvent se produire tout de suite, quelques jours, quelques semaines ou même plusieurs années après le traitement (effets secondaires tardifs). La plupart de ces effets disparaissent d’eux-mêmes ou peuvent être traités mais certains durent plus longtemps ou être permanents. Parmi ces effets secondaires, il y a la fatigue, des troubles intestinaux dont la diarrhée, des troubles de la vessie dont l’incontinence urinaire, des troubles sexuels dont le dysfonctionnement érectile (source Société Canadienne du Cancer).

La curiethérapie est une radiothérapie interne qui consiste à implanter des matières radioactives dans la tumeur ou à proximité. La curiethérapie peut se faire au moyen d’un implant permanent qui émet de faibles doses de radiations pendant quelques semaines ou quelques mois (curiethérapie à faible débit de dose ou FDD). On a surtout recours à la curiethérapie à FDD pour traiter un cancer de la prostate de stade précoce qui se développe lentement et qui risque peu de réapparaître après le traitement. La curiethérapie peut aussi se faire au moyen d’un implant temporaire qui émet une dose élevée de radiations au cours de 1 à 4 traitements administrés sur une période de 2 jours (curiethérapie à haut débit de dose ou HDD).  On a plutôt recours à la curiethérapie à HDD pour traiter le cancer de la prostate de stade précoce qui se développe rapidement et qui est plus susceptible de se propager.

Les effets secondaires de la curiethérapie dépendent notamment du type d’implants (temporaires ou permanents) et de la dose d’irradiation. Dans les jours qui suivent l’intervention, il peut y avoir une fatigue, des troubles urinaires assez fréquents, des problèmes d’érection transitoires et modérés et rarement des troubles rectaux (brûlures lors des selles, envies pressantes ou fausses envies d’aller à la selle). Ces troubles rectaux disparaissent généralement deux à trois mois après l’intervention. Des effets indésirables tardifs peuvent cependant subsister dans les mois ou les années qui suivent la curiethérapie : troubles de l’érection, troubles urinaires ou inflammation du rectum.

La radiothérapie systémique est un autre type de radiothérapie interne qui a recours à une matière radioactive qui circule dans le corps et qui cible préférentiellement les cellules cancéreuses de la prostate. Ce type de radiothérapie peut être utilisé pour traiter un cancer qui réapparaît ou qui ne disparaît pas après avoir été traité par hormonothérapie. Elle peut aussi être employée pour traiter un cancer métastatique.

Les immunothérapies

Les immunothérapies ont été utilisées depuis plusieurs décennies pour traiter des cancers du rein. Ces traitements ont pour objectif de stimuler le système immunitaire pour que celui-ci élimine les cellules cancéreuses. Autrefois, pour les cancers du rein, les traitements par immunothérapies étaient effectués avec des molécules naturelles comme l’interféron alpha ou l’interleukine 2. Aujourd’hui, les immunothérapies utilisées sont des inhibiteurs de point de contrôle.

Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur les immunothérapies par inhibiteurs de point de contrôle

LLe traitement de cancers par immunothérapie avec des inhibiteurs de point de contrôle est une véritable révolution dans le traitement de certains cancers dont les cancers du rein. Ces traitements sont basés sur les trois découvertes suivantes :

  • La première est la mise en évidence de molécules particulières, les points de contrôle, qui peuvent accélérer ou ralentir le fonctionnement du système immunitaire ;
  • La seconde découverte est que les cellules cancéreuses peuvent utiliser les points de contrôle qui ralentissent le fonctionnement du système immunitaire pour échapper à celui-ci. Elles utilisent notamment un point de contrôle dénommé CTLA-4 pour ralentir le système. Ce point de contrôle est situé sur des globules blancs particuliers, les lymphocytes T auxiliaires, qui sont indispensables pour stimuler une réponse immunitaire. CTLA-4 ralentit l’action de ces lymphocytes. Un autre point de contrôle est PD-L1. Celui-ci est présent à la surface des cellules cancéreuses. Cette molécule se lie à une autre molécule dénommée PD-1 qui est présente à la surface d’autres globules blancs, les lymphocytes T cytotoxiques, ces cellules du système immunitaire chargées d’éliminer les cellules cancéreuses. La liaison de PD-L1 à PD-1 empêche les lymphocytes de jouer leur rôle et d’éliminer les cellules tumorales ;
  • La troisième découverte est que les médicaments qui bloquent les points de contrôle CTLA-4, PD-1 ou PD-L1 permettent de stimuler à nouveau le système immunitaire pour qu’il élimine les cellules tumorales. Ces médicaments sont des immunothérapies puisque ils n’éliminent pas directement les cellules cancéreuses comme le font les chimiothérapies mais stimulent le système immunitaire pour qu’il élimine les cellules cancéreuses. Ces immunothérapies seront souvent plus efficaces si les cellules cancéreuses ont de nombreuses molécules PD-L1 à leur surface.

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