Quels sont les traitements

du cancer de la prostate ?

Les traitements

Les différents facteurs de la prise en charge

Le traitement d’un cancer de la prostate va dépendre de nombreux facteurs tels que l’examen clinique, le taux de PSA, les résultats de l’IRM, le nombre de biopsies positives, la classification du cancer et son stade.

Plusieurs options de traitements sont possibles et seront discutés par l’équipe médicale qui prendra en charge le patient lors d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP).

L’équipe comprend le plus souvent on radiothérapeute, un oncologue et un chirurgien urologiste. Ces options seront présentées par le médecin au patient lors d’une consultation spécifique appelée consultation d’annonce. Si différents traitements sont proposés, il peut alors être compliqué pour un patient de choisir un traitement.

Celui-ci peut souhaiter en discuter avec des personnes de confiance. Il peut aussi parler avec d’autres patients qui ont été traités pour un cancer de la prostate. Le cas et l’expérience de chaque personne sont cependant différents. 

Il peut aussi être intéressant de demander un second avis médical avant de choisir entre les différentes options thérapeutiques.

Les différents types de surveillance

La surveillance active

Le premier mode de traitement consiste…à ne pas faire de traitement curatif mais à faire une surveillance active du patient. En effet, dans le cas d’un cancer localisé, la maladie se développe très lentement et il est peu probable qu’elle mette en danger la vie du patient. Cette surveillance active s’adressera donc aux patients à faible risque d’évolution rapide de la maladie. Le mode de sélection des patients qui pourront avoir une surveillance active a fait l’objet de nombreuses études et varie quelque peu en fonction de ces études. De même, les modalités de cette surveillance active peuvent varier d’une étude à une autre. Elles incluent systématiquement un contrôle régulier du PSA tous les 3 à 6 mois et un toucher rectal tous les 6 à 12 mois. Les premières biopsies de contrôle sont programmées dans les 6 à 12 mois après le diagnostic et doivent être précédées d’une IRM. Le rythme des biopsies ultérieures est à adapter au profil de risque de chaque patient. Cette surveillance active sera poursuivie jusqu’à la mise en évidence d’une progression de la maladie.

La surveillance active

Un autre mode de surveillance sans traitement curatif est dénommé « abstention surveillance« . Celle-ci s’adresse aux patients avec un cancer initialement localisé et avec une espérance de vie limitée en raison d’autres problème de santé. Un traitement à visée palliative sera proposé à ces patients si la maladie se manifeste par des signes cliniques ou devient métastatique.

Les différents traitements

La prostatectomie totale

La prostatectomie totale est un des traitements de référence du cancer de la prostate localisé ou localement avancé. L’objectif de cette prostatectomie est l’ablation totale de la prostate et des vésicules séminales en permettant de respecter les structures responsables de la continence et de l’érection. Elle peut être associée à une ablation des ganglions lymphatiques présents dans le pelvis (partie basse du ventre).

Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur la prostatectomie totale

La prostatectomie totale peut se faire par voie ouverte après une incision effectuée dans la partie inférieure de l’abdomen sous le nombril (voie rétropubienne) ou entre les bourses et l’anus  (voie périnéale). La prostatectomie totale peut aussi être réalisée par laparoscopie. Cette intervention consiste à faire plusieurs mini-incisions (5 à 10 mm) dans l’abdomen pour introduire un endoscope, ce tube fin qui permet au chirurgien urologue de visualiser les organes en deux dimensions (2D) et de retirer les organes ciblés. Cette laparoscopie peut aussi être réalisée par un robot (laparoscopie robotisée). Ce robot commande quatre bras opérateurs placés au-dessus du patient. Le chirurgien urologue visualise les organes en haute définition (HD) et en trois dimensions (3D) et manipule les bras opérateurs avec une grande précision pour retirer  les organes ciblés. Quelle que soit la technique utilisée, l’intervention chirurgicale se fait sous anesthésie générale ou péridurale.

Après une prostatectomie totale, il est conseillé d’éviter tout effort ou déplacement important dans le premier mois suivant l’intervention. Les effets indésirables liés à la prostatectomie totale ont diminués avec l’évolution des techniques chirurgicales (référence AFU). Les plus fréquents sont une incontinence urinaire à l’effort, souvent temporaire, et des troubles de l’érection après l’intervention. Un délai de plusieurs mois peut être nécessaire avant le retour à la fonction sexuelle présente avant l’opération. Cette intervention chirurgicale entraîne une impossibilité définitive d’éjaculer, ce qui n’est pas lié à la sensation de plaisir qui reste intacte.

La radiothérapie

Le second traitement curatif des cancers de la prostate est la radiothérapie. Celle-ci peut se faire selon quatre modalités différentes : la radiothérapie externe, la curiethérapie, une association radiothérapie externe-curiethérapie ou une radiothérapie systémique. La radiothérapie externe ou la curiethérapie est utilisée comme traitement initial d’un cancer de la prostate, pour traiter un cancer à haut risque de réapparition après chirurgie ou pour traiter une récidive après chirurgie. La radiothérapie peut être également utilisée en cas de douleur ou pour contrôler les symptômes d’un cancer de la prostate de stade avancé (traitement palliatif).

Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur la radiothérapie externe, la curiethérapie et la radiothérapie systémique

Lors de la radiothérapie externe, un appareil émet des radiations à travers la peau jusqu’à la tumeur et une partie du tissu qui l’entoure. Les radiations détruisent progressivement les cellules cancéreuses. Le médecins radiothérapeutes administrent les radiations sur la plus petite région possible afin de réduire les risques d’effets indésirables.

Les ganglions lymphatiques du bassin peuvent aussi être traités par radiothérapie externe.

Les effets secondaires de la radiothérapie externe sont très variables d’un patient à l’autre. Ils sont dus à l’irradiation des tissus normaux qui entourent la prostate même si le traitement est le plus ciblé possible pour toucher le minimum de tissu normal. Ils peuvent se produire tout de suite, quelques jours, quelques semaines ou même plusieurs années après le traitement (effets secondaires tardifs). La plupart de ces effets disparaissent d’eux-mêmes ou peuvent être traités mais certains durent plus longtemps ou être permanents. Parmi ces effets secondaires, il y a la fatigue, des troubles intestinaux dont la diarrhée, des troubles de la vessie dont l’incontinence urinaire, des troubles sexuels dont le dysfonctionnement érectile (source Société Canadienne du Cancer).

La curiethérapie est une radiothérapie interne qui consiste à implanter des matières radioactives dans la tumeur ou à proximité. La curiethérapie peut se faire au moyen d’un implant permanent qui émet de faibles doses de radiations pendant quelques semaines ou quelques mois (curiethérapie à faible débit de dose ou FDD). On a surtout recours à la curiethérapie à FDD pour traiter un cancer de la prostate de stade précoce qui se développe lentement et qui risque peu de réapparaître après le traitement. La curiethérapie peut aussi se faire au moyen d’un implant temporaire qui émet une dose élevée de radiations au cours de 1 à 4 traitements administrés sur une période de 2 jours (curiethérapie à haut débit de dose ou HDD).  On a plutôt recours à la curiethérapie à HDD pour traiter le cancer de la prostate de stade précoce qui se développe rapidement et qui est plus susceptible de se propager.

Les effets secondaires de la curiethérapie dépendent notamment du type d’implants (temporaires ou permanents) et de la dose d’irradiation. Dans les jours qui suivent l’intervention, il peut y avoir une fatigue, des troubles urinaires assez fréquents, des problèmes d’érection transitoires et modérés et rarement des troubles rectaux (brûlures lors des selles, envies pressantes ou fausses envies d’aller à la selle). Ces troubles rectaux disparaissent généralement deux à trois mois après l’intervention. Des effets indésirables tardifs peuvent cependant subsister dans les mois ou les années qui suivent la curiethérapie : troubles de l’érection, troubles urinaires ou inflammation du rectum.

La radiothérapie systémique est un autre type de radiothérapie interne qui a recours à une matière radioactive qui circule dans le corps et qui cible préférentiellement les cellules cancéreuses de la prostate. Ce type de radiothérapie peut être utilisé pour traiter un cancer qui réapparaît ou qui ne disparaît pas après avoir été traité par hormonothérapie. Elle peut aussi être employée pour traiter un cancer métastatique.

L'hormonothérapie

Le troisième traitement des cancers de la prostate est l’hormonothérapie. En effet, les hormones males (androgènes) et notamment la testostérone produite par les testicules stimulent la croissance de cellules tumorales et, en bloquant ces hormones, l’hormonothérapie diminue cette croissance. L’hormonothérapie peut être utilisée pour:

  • Traiter un cancer de la prostate localement avancé ou métastatique
  • Réduire la taille d’une tumeur avant d’autres traitements comme une chirurgie ou une radiothérapie. C’est ce que les médecins appellent un traitement néoadjuvant.
  • Traiter un cancer de la prostate après radiothérapie en cas de risque de réapparition élevé
  • Traiter un cancer de la prostate qui est réapparu après traitement (cancer récidivant)
Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur l'hormonothérapie

  Il existe plusieurs types d’hormonothérapie :

  • Le premier type d’hormonothérapie est composé par des médicaments qui ressemblent à l’hormone de libération de la lutéinostimuline (LHRH) et que l’on appelle agonistes de la LHRH. Cette hormone est produite par l’hypothalamus, située à la base du cerveau. Elle stimule la production de testostérone par les testicules. La première fois qu’un agoniste de la LHRH est utilisé, le taux de testostérone augmente pendant environ une semaine. De ce fait, le médecin prescrira en même temps que l’agoniste de la LHRH une autre hormonothérapie contre les hormones males. Après cette augmentation temporaire du taux de testostérone, ce taux diminuera car l’ organisme bloque de lui-même la production de testostérone lorsqu’il y a une hyperstimulation par un agoniste de la LHRH.
  • Le second type d’hormonothérapie consiste en des médicaments qui bloquent directement la LHRH, bloquant ainsi la production de testostérone (antagonistes de LHRH)

 

  • Le troisième type d’hormonothérapie (anti-androgènes) est composé de médicaments qui bloquent la synthèse des hormones males ou qui bloquent les récepteurs aux androgènes. Ces anti-androgènes rendent impossible l’action des hormones mâles au niveau des cellules cancéreuses qui portent ces récepteurs.

 

  • Le quatrième type d’hormonothérapie consiste à enlever les testicules par chirurgie (orchidectomie). Elle est rarement employée.

 

On peut administrer une seule hormonothérapie ou en associer plusieurs.

Les effets secondaires du traitement

Les effets secondaires de l’hormonothérapie sont très variables d’un patient à l’autre. Ils peuvent être importants ou quasi inexistants.

Parmi ces effets, les plus fréquents sont :

Troubles sexuels (baisse de libido, dysfonctionnement érectile…)

Bouffées de chaleur

Sautes d’humeur

Sensibilité des seins et développement du tissu mammaire (gynécomastie)

Perte de masse musculaire et de force physique

Amincissement des os (ostéoporose) et fractures

Rétention de liquide (œdème)

Douleur musculaire ou osseuse

illustration d'un oreiller e référant à la fatigue

Fatigue

illustration d'un rouleau de papier toilette

Diarrhée

Constipation

Augmentation de la pression artérielle

Maux de tête

Nausées

Dépression, difficulté à se concentrer et troubles de la mémoire

Hausse du taux de cholestérol

Troubles cardiaques

La prise en charge en cas de maladie métastatique

En cas de maladie métastatique, une chimiothérapie qui bloque les cellules à multiplication rapide peut être associé à une hormonothérapie.

Chirurgie, radiothérapie externe, curiethérapie, radiothérapie systémique, hormonothérapie, chimiothérapie, les modes de traitement d’un patient avec un cancer de la prostate sont nombreux et seront adaptés au cas particulier de chacun.

L’ouverture vers de nouveaux médicaments...

De façon intéressante, de nouveaux médicaments, de nouvelles combinaisons de traitements ou de nouvelles modalités de traitement font l’objet de nombreux essais cliniques. De nouvelles hormonothérapies, différentes chimiothérapies et des immunothérapies  sont à l’étude. Parmi les nouvelles modalités de traitement en essais cliniques, il y a l’utilisation du froid (cryothérapie), d’un agent stimulé par la lumière (photothérapie), de laser ou d’ultra-sons pour détruire le tissu cancéreux.

...et la prise en charge personnalisée

Finalement, les progrès faits dans les traitements du cancer de la prostate font qu’aujourd’hui, ces traitements sont de mieux en mieux adaptés à chaque patient. Ce sont  donc des traitement “personnalisés“. En participant au choix de son parcours thérapeutique, de la détection précoce au traitement, le patient avec un cancer de la prostate est devenu véritablement acteur de sa maladie.

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