Qu'est-ce qu'un cancer du côlon ?

Les cancers du côlon

Les cancers du côlon et du rectum (cancers colorectaux ou CCR) sont des tumeurs malignes qui se développent à partir des cellules qui tapissent la lumière du côlon (gros intestin) et du rectum. Ces cancers touchent le côlon dans 60 % des cas et le rectum dans 40 % des cas.

Le point de vue de l'expert

Petits rappels sur le côlon et le rectum

Le côlon mesure environ 1,50 mètre. Il fait suite à l’intestin grêle qui a une longueur moyenne de 6 mètres (duodénum suivi du jéjunum puis de l’iléon). Il est situé dans la cavité abdominale, en avant des anses de l’intestin grêle

On distingue cinq segments :

  • Le cæcum qui fait la jonction avec la fin de l’intestin grêle;
  • Le côlon ascendant ou côlon droit qui remonte jusqu’au foie pour faire un angle appelé angle colique droit;
  • Le côlon transverse qui va de l’angle colique droit à l’angle colique gauche;
  • Le côlon descendant ou côlon gauche qui descend de l’angle colique gauche et se termine par le côlon sigmoïde;
  • Le côlon sigmoïde qui forme un S et qui fait la jonction avec le rectum.

  Le rectum mesure environ 8 cm de long. Il fait suite au côlon sigmoïde et se termine par l’anus.

  Une fois la digestion des aliments effectuée par l’estomac et l’intestin grêle, le côlon a pour rôle de concentrer les matières fécales par réabsorption de l’eau et du sel. Le côlon contient une flore microbienne importante (microbiome). Celle-ci est composée de 38 000 milliards de bactéries. Par comparaison, notre organisme est composé de 30 000 milliards de cellules. Ce microbiome a un rôle important notamment dans la formation et le développement de métastases ou dans la réponse aux traitements de nombreux cancers.

Les cancers du côlon et du rectum (cancers colorectaux ou CCR) sont des tumeurs malignes qui se développent à partir des cellules qui tapissent la lumière du côlon (gros intestin) et du rectum. Ces cancers touchent le côlon dans 60 % des cas et le rectum dans 40 % des cas.

Petits rappels sur les polypes

Un polype est une petite excroissance qui se développe dans les cavités naturelles de l’organisme (intestin, utérus, vessie, larynx). Il peut évoluer en adénome, une tumeur bénigne qui peut parfois se transformer  en cancer. Les polypes du côlon  et du rectum sont fréquents puisque ils sont présents chez 20 à 50 % des personnes. Leur taille varie de quelques millimètres à plusieurs centimètres.  

 Lorsqu’il existe de nombreux polypes chez un individu (> 10), on parle de polypose.

Le point de vue de l'expert

Seuls 5 % des polypes deviennent cancéreux au cours de la vie. Lorsque c’est le cas, il faut en moyenne 10 à 15 ans pour qu’un polype se transforme en cancer. Cette transformation dénommée cancérogénèse se fait selon deux voies différentes : la première voie, due à une instabilité chromosomique, est la plus fréquente puisqu’elle concerne 85 % des cancers colorectaux sporadiques, ces cancers qui n’ont pas de composante familiale héréditaire. Cette voie affecte principalement le côlon gauche.

Le point de vue de l'expert

En savoir plus sur les chromosomes et sur l'instabilité chromosomique

Les chromosomes sont des éléments situés dans chaque noyau des 30 000 milliards de cellules de notre organisme. Chaque cellule humaine compte 23 paires de chromosomes qui forment des bâtonnets visibles au microscope lorsque les cellules se divisent. La moitié des chromosomes vient du père et l’autre moitié vient de la mère. Les chromosomes sont composés de protéines et d’ADN. L’ADN est lui-même composé par une suite de 4 éléments différents nommés A, T, G ou C  d’après la premières lettre de leur nom complet. L’ADN forme des lignes en double hélice . Si l’on mettait bout à bout toutes les lignes d’ADN contenues dans les 46 chromosomes, la longueur totale de l’ADN dans une cellule serait de près de 2 mètres. Les chromosomes et leur ADN portent toutes les informations nécessaires au fonctionnement de chaque  cellule.

En cas d’instabilité chromosomique, il y a un gain, une perte ou un remaniement des chromosomes. Cette instabilité peut contribuer à la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse.

La seconde voie de la cancérogénèse est due à une instabilité génétique. Elle concerne 15 % des cancers colorectaux. Elle affecte préférentiellement le côlon droit et la femme. Elle peut agir de façon isolée chez un individu (origine sporadique) ou être d’origine héréditaire.

En savoir plus sur les gènes, l'instabilité génétique, l'instabilité microsatellitaire et le statut MSI

Les gènes sont des petits fragments d’ADN situés sur nos chromosomes dans le noyau de chacune de nos cellules. Ces gènes guident la production des protéines, ces élément essentiels au  fonctionnement des cellules. Chaque cellule contient environ 21 000 gènes.

Des mutations peuvent survenir au niveau des gènes, changeant un élément par un autre à l’intérieur d’un ou de plusieurs gènes. Ces mutations peuvent être transmises d’un parent à un enfant (mutations génétiques héréditaires) ou survenir spontanément chez un individu au cours de sa vie (mutations sporadiques). Certaines mutations peuvent augmenter le risque d’apparition de cancers. Les cellules d’un cancer colorectal présentent au moins 15 gènes mutés.

Lorsque les cellules se divisent, l’ADN des cellules filles doit être le même que celui de la cellule mère. Cependant, des erreurs peuvent se produire lors de cette division. Les cellules normales possèdent un système pour réparer ces erreurs (système MMR pour MisMatchRepair). Ce système fonctionne grâce à 4 protéines importantes, MLH1/PMS2/MSH2/MSH6. Parfois, l’une de ces protéines est déficiente et la cellule a une incapacité à réparer l’ADN (déficience en réparation ou en anglais MisMatch Repear Deficiency ou MMR-D). Cette incapacité est d’origine sporadique ou d’origine héréditaire. Elle provoque de multiples mutations et les cellules sont dites avoir une instabilité génétique. Ces mutations se produisent notamment dans des séquences d’ADN très répétitives appelées microsatellites. Les cellules qui ont ces multiples mutations au niveau des microsatellites sont dites avoir une instabilité microsatellitaire (MSI pour MicroSatellite Instable).

 Ces mutations contribuent à stimuler plus fortement le système immunitaire. De ce fait, les patients avec une tumeur qui a une déficience dans le système de réparation (tumeur MMR-D) et une instabilité microsatellitaire (tumeur MSI) peuvent bénéficier d’un traitement par immunothérapie (voir plus loin). A l’inverse, les patients avec une tumeur qui a un système de réparation fonctionnel (tumeur MMR-P pour MMR-proficient) et qui n’a pas d’instabilité microsatellite (tumeurs MSS pour MicroSatellite Stable) répondent moins à une immunothérapie. De ce fait, il est important de déterminer si une tumeur a ou n’a pas une déficience dans le système de réparation et une instabilité génétique conduisant à une instabilité microsatellitaire, ou, en d’autres termes, il est important de déterminer le statut MSI d’une tumeur.

Le point de vue de l'expert

Au début de son évolution, un cancer colorectal reste confiné à la paroi interne du colon ou du rectum et ne s’étend pas à d’autres organes (cancer de stade non invasif ou stade in situ). Il faut 5 à 10 ans entre l’existence des premières cellules cancéreuses et la découverte d’une tumeur de 0, 5 à 1,5 centimètres.

Celle-ci est déjà composée d’environ un milliard de cellules cancéreuses. Non traité, un cancer colorectal in situ peut infiltrer progressivement les parois du côlon ou du rectum pour envahir les tissus avoisinants et les organes adjacents (cancer de stade invasif). Les cellules cancéreuses vont envahir les ganglions lymphatiques qui sont à proximité. Elles vont aussi envahir le péritoine, cette membrane qui recouvre la cavité abdominale et les viscères qu’elle contient. Les cellules tumorales pourront former des métastases à distance dans le foie (75% des cas de métastases), les poumons (15% des cas) ou plus rarement au niveau des os ou du cerveau (5% des cas).

En France, les cancers colorectaux touchent 43 000 personnes par an. Il atteint plus fréquemment les hommes que les femmes. C’est le troisième cancer le plus fréquent chez l’homme derrière les cancers de la prostate et les cancers du poumon. Chez la femme, c’est le second cancer le plus fréquent derrière les cancers du sein. Le risque moyen de développer un cancer colorectal durant son existence est compris entre 3 et 5%.  Ce risque commence à augmenter à partir de 40 ans. L’âge moyen de diagnostic est de 70 ans chez l’homme et de 72 ans chez la femme (source arcagy.com).

Aujourd’hui, ces cancers peuvent être diagnostiqués précocement grâce à un dépistage organisé. Aux stades initiaux, la maladie peut être traitée plus facilement et souvent guérir.

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